> Rousseau - Les Confessions (T.1 à 6)
"Etre seul" dans Les Confessions
Leçon
Que la légende de Rousseau nous le représente en misanthrope, affligé d’un délire de persécution, en guerre contre une humanité qui ne le comprend pas, qu’elle nous le représente singulier dans son habit arménien, seul et douloureusement seul ou bien qu’elle nous le peigne apaisé dans les derniers mois de sa vie à l’heure des rêveries d’un promeneur solitaire, les représentations que nous nous faisons de Jean-Jacques Rousseau sont celles d’un homme seul, que cette solitude soit bonheur ou malédiction. Le sujet qui nous est proposé « Etre seul » dans les six premiers livres des Confessions ne se confond cependant pas avec un autre sujet qui s’intitulerait« La solitude ». En effet, tel qu’il est formulé, le sujet fait immédiatement ressortir la polysémie de l’adjectif « seul », à la fois « solitaire » et « singulier ». D’autre part, le verbe « être » est à considérer dans son sens plein « exister ». C’est accorder d’emblée une valeur ontologique à la solitude, c’est nous pousser à nous demander si l’individu existe davantage quand il se retrouve seul. Le sujet pose donc la question du rapport de soi à l’autre et à la collectivité et, tel qu’il est exprimé, paraît faire le constat d’une scission entre Jean-Jacques et les autres hommes. Mais cette scission est-elle toujours la conséquence d’un rejet et la cause d’une souffrance ? Nous verrons qu’être seul est, à tout point de vue, une situation ambivalente. Il nous faudra aussi tenir compte du fait que Les Confessions sont une œuvre autobiographique dans laquelle l’auteur évoque qui il est, raconte ce qu’il a vécu, une œuvre qui revient sur le passé pour tenter de maîtriser le futur (l'image que les hommes ont ou auront de lui), une œuvre autobiographique qui va nous inciter à confronter ce que représente le fait d’être seul pour Rousseau avec l'étude de la personnalité qu’elle suggère. En quoi être seul permet-il au jeune Rousseau de se construire tout en réglant son rapport à l’autre ?
Plan
1 - Rousseau seul parmi les hommes
2 - Etre seul pour être avec les autres
3 - Etre seul pour être soi
1- ROUSSEAU SEUL PARMI LES HOMMES
a - Figures du solitaire
Si la solitude est un thème aussi représenté dans Les Confessions, c’est que Rousseau ,dans cette première période de sa vie, s’est trouvé à maintes reprises en rupture avec le groupe des autres hommes. Rousseau est d’abord un orphelin qui connaît une double rupture avec le groupe familial, premièrement parce que sa mère meurt à sa naissance et plus tard quand son père quitte Genève pour Nyon. On remarquera la singulière tendance de la famille Rousseau à égarer les enfants, le meilleur exemple étant Pierre Rousseau, le frère de notre auteur, à la destinée obscure. Cet éloignement familial est ressenti comme un abandon : à deux reprises, Rousseau souligne que sa famille ne l’a guère retenu quand il se résout à quitter Genève (p. 46) et que son père ne l’a pas recherché avec une réelle opiniâtreté (p. 59). Orphelin, Rousseau est aussi un exilé et un apostat. L’exil, il le décide en partie parce qu’il est un apprenti malheureux, mais les portes de Genève ont été fermées plus tôt que prévu et cela donne aussi à cet exil un caractère accidentel. Tout aussi accidentelle semble sa conversion, Rousseau répugnant à contrarier l’hospitalier curé de Pontverre. Ces ruptures avec la patrie et la religion de ses pères font de lui un être absolument seul et sans attaches à la fin du livre I. C’est là que commencent le voyage et les aventures. Parce le personnage se retrouve seul, tout est à reconquérir et c’est une situation qui constitue un moteur pour l’intrigue. Autrement dit, la solitude fonde le début de l’action et par la suite, les rebondissements. Ainsi commence pour Rousseau une vie de picaro, au début du livre II, il s’imagine chevalier errant, cherchant aventure « Je ne voyais pas un château à droite ou à gauche… que je chantais admirablement » (p. 51) L’ironie de ces phrases souligne l’euphorie dans laquelle se trouve alors Rousseau, complètement seul, mais « libre et maître » de lui-même. La solitude entre dans la vie de Rousseau avec le visage de l’indépendance. De même, au livre III, chassé par le comte de Gouvon, commence pour Rousseau « la vie d’un vrai vagabond ». La fin du livre VI rejoue celle du livre I : trahi par Mme de Warens tout comme il était oublié par sa famille, Rousseau doit partir. Car on est seul aussi dans Les Confessions quand on est mal-aimé « Je me vis seul pour la première fois » (p. 304).Cette fois, il part pour Paris. Rétrospectivement ,le temps des malheurs pour lui, le temps où il devient néanmoins l'écrivain que nous connaissonsl.
b - Une dissemblance essentielle
Seul, Rousseau l’est aussi dans le sens où il se définit comme seul de son espèce. « Je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent » (p.3) Son originalité est absolue. Dans le portrait qu’il donne de lui-même, Rousseau insiste sur deux caractéristiques le séparant radicalement du reste de l’humanité : il est « unique » et « bizarre ». Unique son goût précoce pour la lecture : « J’acquis, par cette dangereuse méthode, non seulement une extrême facilité à lire et à m’entendre, mais une intelligence unique à mon âge sur les passions » (p. 8), unique sa psychologie « Deux choses presque inaliables s’unissent en moi…qu’après-coup », unique l’amour sans désir qu’il porte à Mme de Warens, unique le livre qu’il écrit « entreprise qui n’eut jamais d’exemple ». Et parce qu’il est unique, Rousseau entend recevoir un traitement particulier… Quant aux termes « bizarre, bizarrerie », ils sont extrêmement fréquents dans Les Confessions. La plus notable des bizarreries de Rousseau est son goût pour la fessée, goût sur lequel il s’explique longuement. « Ce goût bizarre » fait l’objet de plus qu’un aveu, une revendication, il y a une fierté à être soi, surtout quand on est autre. Quand on avoue, il n’est plus de honte. Ne demeure que la démarche de la confession qui transforme la misère en grandeur. Cette singularité est donc d’ordre moral (Rousseau a le goût de la fessée et pourtant l’horreur du vice), social (il est un homme du peuple qui écrit l’histoire de sa vie) et intellectuelle (chez M. de Pontverre, il est convaincu d’être plus instruit que le bon curé pourtant issu de la noblesse et chez le comte de Gouvon, jeune laquais, il est seul à pouvoir élucider le sens de la devise familiale).
c - Un dilemme : s’intégrer ou s’exclure
Au début du livre I, Rousseau brandit le livre de ses confessions face à une humanité entière liguée pour le mal juger. Mais veut-il vraiment retrouver une place parmi les hommes et quitter la singularité qui est la sienne ? D’un certain côté, Rousseau veut cette place parmi les hommes, il a l’ambition de parvenir. En témoignent ses différents rêves de gloire, que ce soit dans le domaine musical ou militaire. Les adresses au lecteur peuvent aussi s’interpréter dans ce sens, elles tentent de renouer par les questions rhétoriques et la connivence un lien perdu avec les hommes. Cependant, le statut de Rousseau reste profondément paradoxal, à la fois semblable et différent. Et cette singularité, il ne veut pas y renoncer, il la revendique et il en conçoit de l’orgueil, même si sa conduite extravagante le fait chasser de chez son protecteur le comte de Gouvon. Il y a une rage d’être singulier (rage peut-être non intentionnelle) qui conduit à l’exclusion. Il y a un amour de la solitude qui n’est pas toujours compris. Ainsi singularité et solitude se rejoignent-elles, se nourrissent-elles l’une de l’autre. Etre seul étant tout autant une preuve d’élection que de malédiction, comment choisir ? Si l’intégration de Rousseau est difficile c’est qu’aucune place ne préexiste pour cet être d’exception. A Turin, Rousseau agace ses maîtres et les autres domestiques : « Ils voyaient bien que je n’étais pas à ma place ». C’est l’écart entre sa condition sociale et son mérite personnel qui explique cette absence de place. L’un des enjeux des Confessions est de creuser une place possible pour Rousseau, place qui respecte à la fois ses mérites et ses bizarreries.
Transition : Un tel tableau de la vie de Rousseau, solitaire et singulier pourrait laisser croire que l’auteur a vécu en ermite et que le contact avec l’autre n’a été qu’une souffrance. A tort… La solitude est chez Rousseau éminemment paradoxale, pas toujours synonyme de rupture avec l’autre mais plutôt garante d’une meilleure relation, à moins qu’elle ne soit la condition même de la relation.
2 - ETRE SEUL POUR ETRE AVEC LES AUTRES
a - Etre seul pour penser à l’autre
Pour Jean-Jacques Rousseau, la solitude ne nie pas l’autre, elle est l’une des modalités de la relation. Etre seul est une façon de vivre la relation qu’elle soit amicale ou amoureuse. Car la solitude dont on parle alors est pleine de la pensée de l’autre. « Je ne m’en éloignais que pour y penser ». Rousseau va même la rechercher pour mieux penser à la personne de son cœur. Il va quitter Maman pour mieux l’aimer. A Chambéry, il passe certaines nuits dans une petite guinguette, loin de sa bienfaitrice : « Je la quittais et j’étais heureux », « Je la quittais pour venir m’occuper d’elle, pour y penser avec plus de plaisir ; autre caprice que je n’excuse ni n’explique » (p.207) Permanence de la bizarrerie…Constance du paradoxe…C’est après une promenade solitaire que les joies de l’amitié sont les plus vives. Quant à l’amour, remarquons à quel point la relation avec Mme de Warens bénéficie d’une stratégie de départ et de retrouvailles. Que le retour est bon après l’absence. ! Il arrive même à Rousseau de freiner l’allure aux abords de la maison de Maman pour que l’anticipation des retrouvailles, d’abord vécues en imagination, double le plaisir des retrouvailles réelles. « Le cœur me battait de joie en approchant de ma chère Maman et je n’en allais pas plus vite » (p. 195). Rousseau est un être de rêveries et la rêverie a besoin de la solitude.
b - La bonne distance
La relation avec l’autre n’est jamais facile pour Jean-Jacques et nécessite toujours des aménagements. Etre seul permet ces aménagements. Rousseau confie à plusieurs reprises le dégoût que suscite en lui la représentation de l’acte sexuel. La sexualité est difficile à vivre pour lui sur le mode de l’union, du duo. Il préfère l’exhibition solitaire –muet et sordide appel destiné à ne pas être entendu- ou la masturbation en dépit du mal qu’il en pense, il préfère encore la chasteté et la modération. On remarque aussi la fréquence des situations de trio dans Les Confessions. Rousseau, Melle Goton et Melle de Vulson. Rousseau, Melle Galley et Melle de Graffenreid. Rousseau, Maman et Claude Anet. Rousseau, Maman et Wintzenreid. Etre trois est avant tout une façon de ne pas être deux, autrement dit, il existe un lien entre être seul et être trois, Rousseau ayant peur d’une trop grande intimité. D’ailleurs, loin de les rapprocher davantage, l’union charnelle avec Maman va marquer le début du désenchantement. A cette union des corps trop concrète, Rousseau continue à préférer une relation avant tout imaginaire. Même si on laisse de côté la question de la sexualité, Rousseau se sent vite envahi par le contact de l’autre, aussi hait-il le bavardage. L’union idéale ressemblerait pour lui à une présence silencieuse. Pensons à l’adoration muette de Mme Basile à Turin. Intégrer de la solitude dans la relation est une façon de trouver la bonne distance entre soi et l’autre, la distance qui rend la relation possible et agréable.
c - La solitude étendue
Autre preuve que solitude et relations humaines ne se contredisent pas dans l’univers de Rousseau, il existe une forme de solitude qui intègre l’autre pour former « une société charmante », « une sphère étroite » ou « un petit cercle » comme celui que compose Rousseau, Maman et Claude Anet. Nous pourrions d’ailleurs prolonger l’analyse en établissant une comparaison avec la petite société de Clarens dans La nouvelle Héloïse. S’il y a proximité d’âme, comme avec les deux personnages précédemment cités ou bien le cousin de Rousseau, Abraham Bernard, il se crée une situation dans laquelle Rousseau se retrouve seul tout en étant à plusieurs. « Nous étions seuls » écrit-il à la page 13. Cette situation que permet la communion des âmes ressemble pour lui à un idéal car elle joint le culte de l’amitié à l’amour de la solitude. Elle est proche d’un âge d’or que le séjour aux Charmettes réalisera presque. La solitude est donc dans Les Confessions toute relative. Ô combien nombreux sont les personnages qui s’intéressent au jeune Rousseau et veulent l’aider à faire son chemin dans le monde. Plus que la solitude, c’est une société choisie, restreinte donc, que recherche Rousseau. Comme le rappelle l’article « Bonheur » du Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau, l’homme n’est pas autosuffisant comme Dieu, il a donc besoin des autres pour être heureux. Le bonheur d’être ensemble peut donc se réaliser à travers la solitude étendue d’une micro-société amicale ou amoureuse.
Transition : La solitude apparaît donc comme un ingrédient nécessaire au sein même de la relation. En alliant la solitude à la relation avec les autres hommes, Rousseau garde le contrôle d’une situation qui n’est jamais évidente pour lui. Etre seul est la condition préalable à la possibilité d’un être ensemble. Mais une troisième partie nous montrera que la solitude est aussi l’un des fondements sur lequel se construit le moi de Rousseau.
3 - ETRE SEUL POUR ETRE SOI
a - Rejet de l’autre et sentiment de supériorité
Le jeune Rousseau est conscient de sa supériorité, aussi éprouve-t-il souvent de la répugnance à se lier. A Turin, il ne se mêle pas aux autres convertis. « Je ne les aimais pas et n’en avais jamais voulu voir aucun ». Pourquoi les fréquenter ? Il sait qu’il doit suivre « des chemins différents (p. 108) A Chambéry, un même sentiment de supériorité l’amène à juger sévèrement les « manants du cadastre ». Rousseau qui sera bien plus tard considérer comme l’ami du peuple a conscience dans ses jeunes années de sa différence avec ces êtres plus frustres. C’est qu’il n’est encore qu’un être obscur qui rêve d’un brillant destin de musicien et qu'il faut repousser ces compagnons à qui il ne veut pas ressembler. L’autre est plus repoussoir que modèle et rester seul permet de préserver sa supériorité. Rousseau n’a pas besoin de l’autre pour devenir lui, pour progresser et se développer. Ainsi déclare-t-il à deux reprises dans Les Confessions qu’il apprend mieux seul que sous la férule du maître. « Le peu que je sais de plus, je l’ai appris seul » (p. 132) « Je l’appris bien car je l’appris seul » (p. 203). Rousseau se met donc volontairement à l’écart parce qu’il fuit les ressemblances et qu’il doit s’inventer. Dans la solitude des Charmettes, il développe sa réflexion et constitue son « magasin d’idées ».
b - Expansion du moi solitaire
La solitude est bonheur car elle est plénitude de l’être, communion entre le moi et l’univers, ce en quoi elle n’est pas non plus solitude complète. C’est ce que raconte le livre VI et la vie aux Charmettes , terre « retirée et solitaire ». «Des promenades plus solitaires avaient un charme plus grand encore, parce que le cœur s’épanchait plus en liberté » écrit Rousseau (p. 282) Telles sont les raisons de l’éloge de la solitude que l’on rencontre sous la plume de Rousseau. Expansion, dilatation du moi, on existe davantage quand on est seul, on existe sur le mode majeur. Evoquant ses voyages, « Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose dire, que dans ceux que j’ai faits seul et à pied ». Le profit est donc ontologique, existentiel, ontologique. Une phrase de la troisième lettre à Malesherbes nous éclaire encore davantage : « Mais de quoi jouissais-je enfin quand j’étais seul ? De moi, de l’univers entier, de tout ce qui est, de tout ce qui peut être ». Entre Mme de Warens et lui, entre l’univers et lui, plus de médiation. Dans la nature édénique, l’homme n’est jamais seul. Prenons l’épisode fameux de la nuit à Lyon, à la fin du livre IV, le terme très fort d’ «extase » révèle une fusion entre ce paysage délicieux et le jeune homme qui sort de lui-même pour se confondre avec la nature. Voyons aussi que parce que la solitude procure du plaisir, le plaisir devient, par nécessité solitaire. Ainsi la masturbation constitue, non pas un pis-aller mais « le modèle de toute jouissance » (cf. G. A Goldschmidt). De la même façon, sa prédilection pour la fessée l’amène à « jouir en imagination » (p.18)
c - Etre seul pour se faire connaître
Le drame de Rousseau est de ne pas parvenir à se montrer tel qu’il est en société. Il se devient grognon, bizarre et se renferme par crainte des moqueries qui ne manquent pas de se produire. Avec Mme de Larnage et les femmes qui l’accompagnent, le malentendu n’est jamais loin. «Je répondis que je ne savais pas. Cette réponse leur fit croire que j’étais fou » (p. 288). Fait significatif, Rousseau , qui n’a pas réussi à se montrer tel qu’il est, va disparaître sous une fausse identité. Il devient l’anglais Dudding. La solitude permet de garder le contrôle de son être, d’assurer la solidité de son être alors que la compagnie nous pousse irrésistiblement à porter un masque. Alors que l’être se renforce dans la solitude, l’identité se brouille au contact de l’autre. Etre avec les autres, c’est se condamner à paraître à son désavantage ou littéralement devenir un autre, c’est voir se creuser le fossé entre l’idée valorisante que Rousseau a alors de lui et l’image qu’on lui renvoie ; Il faut donc se retirer du monde pour montrer ce que l’on vaut. « J’aimerais la société comme un autre, si je n’étais sûr de m’y montrer non seulement à mon désavantage, mais tout autre que je ne suis. Le parti que j’ai pris d’écrire et de me cacher est précisément celui qui me convenait » (p. 129) Loin des hommes, il peut, par l’écriture, réaffirmer cette identité qui se dissout dès qu’il est confronté à l’autre. Ce constat rejoint l’une des idées principales de la philosophie de Rousseau, que pris dans sa solitude et sa singularité l’homme est bon mais qu’il devient mauvais du moment où il entre en relation. Rester seul est la condition pour rester bon. On est là dans une exigence éthique.
Jamais dans l’œuvre de Rousseau la solitude et la différence ne font-elles l’objet de la moindre déploration. Au contraire, il y a une jouissance à être seul qui participe à l’affirmation de soi, aussi pourrait-on croire que la solitude est pour J.J Rousseau, une fin, un but qu’il poursuit. Si cette hypothèse reste vraie, l’examen de l’œuvre nous montre surtout qu’être seul est, pour Rousseau un moyen, un moyen de rendre possible la relation avec l’autre et un moyen de développement du moi. Cependant, si être seul est le gage d’une précieuse singularité, cela témoigne aussi de la difficile intégration de J.J parmi les hommes. Dans les six premiers livres des Confessions, il n’y a pas de graves conséquences à l’incompréhension que suscitent parfois les extravagances de Rousseau. Dans la suite de sa vie et des Confessions, les choses prendront un tour beaucoup plus dramatique. FV